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Apple

Plus le temps passe, plus Apple est en train de perdre son image "cool", de plus en plus de gens la voyant comme une multinationale assoiffée de dollars et prête à tout pour en gagner toujours plus. Les deux manifestations qui ont eu hier ne l'aideront pas à redorer son blason...

Du côté du siège social d'Apple, mais aussi de plusieurs de ses Apple Store aux USA, en Angleterre, en Inde, ou encore en Australie, des manifestants ont pris place hier pour remettre à Apple une pétition regroupant 250 000 signatures déposées sur les sites Change.org et SumOfUs. Cette pétition demande à Apple de prendre des mesures pour assurer la protection des employés de ses sous-traitants, en particulier les ouvriers chinois travaillant à l'assemblage des produits pommés dans les usines de Foxconn. Un reportage a notamment montré que certains ateliers d'assemblage d'iPhone font travailler des adolescents 16h par jour pour 70 cts/heure.

Point intéressant, une majorité des signataires de la pétition sont aussi clients d'Apple, ce qui montre bien qu'il ne s'agit là pas simplement d'un mouvement d'"anti-Apple".

En France, c'est pour une autre raison que le mouvement "Pomme de Discorde" a organisé une manifestation devant l'Apple Store de Paris-Opéra. Et là encore, on peut difficilement taxer les instigateurs d'être des "anti-Apple" : Pomme de Discorde réunit des revendeurs Apple, et plus précisément des "Apple Premium Reseller", les revendeurs censés être les plus proches de la pomme, qui leur impose par exemple des règles très strictes sur la présentation des boutiques, identique à celle des Apple Store. Si ces APR sont aujourd'hui en colère contre Apple, c'est parce que depuis que la société a commencé à déployer son réseau d'Apple Store en France, elle délaisse ses revendeurs historiques, et pire, leur impose des contrats de plus en plus contraignants, comme si elle cherchait à les éliminer.

Parmi les règles imposées par Apple, on trouve notamment des critères de design (marque du mobilier, aspect extérieur de la boutique), de localisation (obligation d'être situé dans des rues passantes de centre ville, donc onéreuses en loyers, et à proximité de boutiques d'autres marques haut de gamme...) et même dans les contrats les plus récents, des règles très strictes sur les dimensions des boutiques (surface comprise entre 75 et 200m² avec vitrine de 6m de long et 2.8m de hauteur sous plafond... un APR ne disposant que de 2.75m a été contraint de déménager pour se mettre en conformité avec le nouveau contrat...). Le constructeur impose également des minimums de commandes, et envoie systématiquement certains produits aux revendeurs (en les leurs facturant), même s'ils ne parviennent pas toujours à les vendre... Mais pour les produits populaires, c'est une autre affaire : l'iPhone, produit le plus populaire d'Apple, n'est tout simplement pas proposé aux APR, qui n'ont d'autre choix que de réorienter leurs clients vers d'autres boutiques quand ils viennent pour un téléphone. Tous les autres produits sont disponibles, mais pas toujours en quantités suffisante, Apple donnant la priorité sur les livraisons à ses propres canaux de distribution. Pire, le contrat APR V2, qui va prochainement entrer en vigueur impose aux APR de projeter sur grand écran des vidéos de présentation de l'iPhone, qu'ils n'auront toujours pas le droit de vendre !

Pour couronner le tout, Apple serre de plus en plus la vis au niveau des marges accordées à ses revendeurs. Bien entendu, ils doivent vendre les produits aux prix fixés par Apple, ce qui, compte tenu des prix auxquels ils les obtiennent d'Apple, ne leur laisserait aujourd'hui plus que 3% de marge, et même aucune marge sur certains produits populaires, comme l'iPad. Oui, vous avez bien lui, alors qu'Apple annonce chaque trimestre des marges record, ses revendeurs doivent proposer certains produits sans y gagner un centime. Sur le marché professionnel, souvent considéré comme étant délaissé par Apple, les conditions sont encore plus difficile, puisqu'Apple vend certains produit directement à des clients professionnel à des tarifs inférieurs à ceux qu'elle propose aux APR.

Dans ces conditions, de plus en plus d'APR connaissent des difficultés financières. Le plus gros d'entre eux (16 boutiques en France et en Belgique), eBizcuss, qui est à l'origine du mouvement de protestation en France, connait ainsi de grandes difficultés, tandis que le grenoblois YouCast, également implanté à Lyon, Chambéry et Montélimar, a déposé le bilan en début de semaine.

Face à un Apple refusant toute négociation, eBizcuss a porté l'affaire devant les tribunaux français il y a quelques semaines, accusant Apple de concurrence déloyale et d'abus de position dominante. Le fait qu'un revendeur Apple en arrive à attaquer en justice son fournisseur exclusif, qui a quasiment droit de vie et de mort sur lui (en coupant ses approvisionnement) montre bien à quel point la situation est critique : les dirigeants d'eBizcuss considèrent visiblement qu'il n'y a plus rien à perdre, et cette plainte ressemble plus à un baroud d'honneur avant de tirer leur révérence...

Posté par Matt le 10/02/2012 à 08h11
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Sources : Branchez-Vous et Macbidouille et Les Échos

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